Avignon, une école (Cloître des Célestins-IN)
Un bien joyeux spectacle que cette représentation. Les élèves (excellents acteurs !) de La Manufacture de Lausanne nous font vivre l’évolution du Festival d’Avignon par petites touches, par brèves évocations de tel ou tel moment de son histoire, soit par le jeu, soit par un discours imité des grands anciens, ou de témoins d’époque. On retrouve les grandiloquentes représentations du Prince de Hombourg, de Médée ou de Macbeth, on retrouve les performances du Living Theatre ou de Béjart (tiens, un Suisse !), on retrouve les réactions amusées ou indignées de ceux qui ont assisté à cette évolution. On retrouve aussi les "incontournables" émissions de radio en direct et leurs débats agités, l'apparition du OFF, les moments de lutte de 1968 ou 2003, le combat féministe d'hier et d'aujourd'hui... Le jeu est énergique, enjoué, favorisé par la jeunesse des comédiens qui communiquent à merveille leur enthousisasme. Mais cette mise en abîme du Festival dans le Festival ne se fait pas sans humour (à commencer par la caricature de la Suisse et de sa présence « essentielle » à Avignon…), et sans piques acides mais jouissives sur l‘évolution de nos pratiques de spectateurs, comme de celle de la mise en scène ou des choix de programmation. Mais quel amour pour Avignon derrière ces piques, quelle fascination pour cette Mecque du spectacle vivant, qui ne cesse d'attirer malgré ses défauts. C’est un spectacle miroir, mais comme tout miroir, il est impitoyable et nous laisse à penser en profondeur sur le sens de notre rapport au théâtre, à l’art, à la diversité, à l’altérité. Bravo les jeunes et leur metteuse en scène !