Mon Festival d'Avignon

Mon Festival d'Avignon

Cendres sur les mains (théâtre du Girasole-OFF)

Si la situation renvoie vaguement au théâtre de l'absurde, par les attentes vaines de deux fossoyeurs de guerre, par l'absence de cause apparente de leur présence en ces lieux inhospitaliers, par l'improbable surgissement d'une rescapée mutique, en réalité nous assistons à une claire opposition entre les utilisateurs des "mots de la tribu", du langage des hommes, qui mènent une vie d'ici-bas, qui gèrent un quotidien ignoble, au sens propre, et celle qui ne parle pas, qui se vide de ce qui a pu faire ce quotidien, pour se remplir de vie, de vies, de tous ces univers intérieurs qui ont été sacrifiés et qu'elle va prendre en charge pour abolir l'oubli et le temps. Et à son contact, les mots de la tribu vont devenir "plus purs", les deux fossoyeurs vont voir leur matérialité disparaître au fur et à mesure qu'ils vont prendre conscience de leur finitude et donc de la vérité de l'être. Certes la guerre et la violence sont au coeur de cette pièce, mais comme autant de métaphores de ce néant menaçant que le langage seul peut combattre, le langage dramatique, le langage poétique, le langage de Laurent Gaudé. La mise en scène d'A. Tchobanoff et le jeu exceptionnel de P. Lona, A. Carbonnier et O. Hamel envoûtent le spectateur pour l'entraîner dans ces confins de la vie et de la mort, entre ombres lumineuses et sombres clartés. Du grand théâtre !

 

©JON.D Photographie

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21/07/2024
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