Cowboy ou indien ? (La Manufacture-OFF)
Un duo, un titre avec des cowboys et des indiens, un totem, tout semble prévisible, et l'on est surpris dès le début du spectacle. En fait de cowboys et d'indiens, on va surtout voir deux frères, deux frères qui s'opposent, adultes, sur des valeurs essentielles, deux frères qui se battaient, enfants, deux frères concurrents, mais en même temps deux frères qui ne peuvent se quitter, adultes, et qui ont tellement d'amour à se dire, deux frères inséparables, enfants, et qui avaient tellement à échanger, deux frères éternellement complices et qui font semblant de s'opposer pour mieux se construire, à tous les âges, dans toutes les situations. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : la fratrie, quelle que soit la manière de la vivre, et quel que soit le sexe, est toujours une histoire de construction commune, dans la tension ou l'affection, dans le besoin de l'autre ou le besoin de se couper de l'autre, dans le regard de l'autre et dans son propre regard, dans la concurrence qui devient émulation, dans la tension qui révèle l'amour. Toutes ces fausses contradictions sont merveilleusement mises en lumière par deux comédiens qui connaissent parfaitement leur partition et qui nous font ressentir ce qui ne se dit que rarement entre frères, ou soeurs, des frères qui ne sont ni chevaliers, ni super-héros, ni cowboys, ni indiens, juste frères pour leur plus grand bonheur... ou pas, mais qu'importe : ils se font exister l'un l'autre, et c'est ça le plus important.