Ecrire sa vie (IN : Cloître des Carmes)
Une belle communion d'âmes inaugure le spectacle : de jeunes gens sont réunis pour fêter le retour d'un des leurs, ils ont préparé une collation champêtre, leurs discours sonnent à l'unisson, malgré des personnalités différentes, la nature est en phase, au point que l'espace de la représentation ne fait plus qu'un avec celui des specateurs qui, installés sur scène, semblent participer aussi à la fête. C'est le temps de l'harmonie universelle, le temps de l'enfance où le langage crée l'univers dans lequel chaque être évolue, individuellement et collectivement. Et puis un événement, la guerre en l'occurrence, mais en réalité c'est un ensemble (le passage à la vie adulte, la sexualité, la vie sociale, le travail, les responsabilités, la conscience de la mort...) vient mettre fin à cette douce vie ancrée dans la musique des sphères. Et le langage se fait répétitif, interchangeable, "efficace", "utile". Les mots de la tribu ont pris le dessus, les specateurs ont regagné leurs sièges, chacun sa place. On retrouve de manière assez claire l'univers de Virginia Woolf, voire son écriture, ses angoisses et sa vision triste du désenchantement qu'est la vie... On peut regretter que certains passages soient un peu longs, tournent en boucle, même s'ils sont justifiés par le propos, mais ils auraient pu être suggérés de façon plus elliptique... C'est un spectacle bavard, très bavard, mais c'est bien le problèlme que soulève la pièce : le bavardage au lieu de la poésie.