Mon Festival d'Avignon

Les siècles passent, la folie au pouvoir demeure, l'actualité ne nous le rappelle que trop. Au troisième siècle, l'empereur Héliogabale confond pouvoir et satisfaction des aspirations les plus sombres de l'être humain, la violence est banalisée, presque poétisée, en la légitimant par le caprice du prince, les lubies religieuses ou politiques deviennent les seuls axes d'une politique qui oublie l'intérêt de l'Etat comme celui des individus. Les relations familiales ou affectives s'effacent derrière les intérêts divergents, les ambitions inavouables ou le profit personnel, tout se délite, pour aboutir à la catastrophe, dont ne sortira probablement qu'une situation identique. Le folie règne. C'est un sombre tableau de notre monde, d'hier ou d'aujourd'hui, qu'il nous est donné de voir, sombre comme le décor noir, comme les costumes noirs, comme ces âmes que le pouvoir a obscurcies. Les acteurs, dans un jeu très classique mais qui sied parfaitement au propos, portent la pièce de façon remarquable, à commencer par Geneviève Casile dans le rôle de froide faiseuse et défaiseuse d'empereurs, sans oublier Gérard Rouzier en homme de main aux aspirations mystérieuses, et l'excellent Mickael Winum en Héliogabale halluciné et effrayant.