Le Menteur (Girasole-OFF)
Une adpatation particulièrement réussie de la pièce de Corneille. Ainsi, parmi les éléments interpolés d'autres écrits, le début de la pièce joue sur la mise en abyme, le théâtre dans le théâtre, typique de l'esthétique baroque, du théâtre espagnol du Siècle d'or dont Corneille se réclamait ouvertement l'imitateur. L'intrigue est délicieusement comique, on est à la fois exaspéré par ce menteur invétéré, réjoui par les retours de bâton et attendri par cette plongée sans fin dans le mensonge qui, loin de permettre une sortie d'impasse, enferme de plus en plus le personnage dans la nasse. On ne perd jamais la gentille intrigue amoureuse, avec quiproquos et reconnaissances. Bref, c'est un spectacle réjouissant sur tous les plans, servi par des acteurs parfaits dans leur rôle et dans leur diction du texte (parfois modernisé...). Et puis au-delà du plaisir de voir une bonne pièce, bien jouée, trotte dans les esprits cette petite musique de la vérité et du mensonge, des "faits alternatifs" et des fake news. Une réflexion s'amorce sur le discours, sur ce qu'il faut dire ou ne pas dire, sur la manière de le faire, sur la crédulité et l'esprit critique, sur la comédie sociale que dénonce le théâtre depuis ses origines... dans une perpétuelle mise en abyme.