Les Enfants du diable (L'Oriflamme-OFF)
Encore une pièce intense, une pièce qui touche car elle parle d'enfants, et d'enfants martyrisés à une échelle inédite, à l'échelle de tout un état. Une soeur et un frère se retrouvent, dans le bruit et la fureur, et l'on comprend peu à peu pourquoi. Ils ont survécu aux mouroirs de Roumanie, à la chute du régime de Ceausescu, avec leur petite soeur, mais cette survie n'a pas été vécue et ressentie de la même manière par les uns et les autres. D'aveu en aveu, de révélation en révélation, la tension dramatique est de plus en plus difficile à supporter pour les personnages, et de plus en plus étouffante pour les spectateurs, même si l'amour est toujours en filigrane, et qu'on sent qu'il est le seul remède au poison de la haine que distille les totalitarismes. Une fratrie déchirée par les drames de l'Histoire, la folie des hommes, la raison d'état d'une dicature démente, tout ceci résonne malheureusement bien fort à nos oreilles, aujourd'hui, et c'est ce drame individuel (et pas seulement au niveau de la fiction théâtrale...) à l'aune des tragédies collectives qui touche tant dans cette pièce jouée admirablement par deux comédiens à fleur de peau.