Mon Festival d'Avignon

Wouaouh ! Un coup de poing ! Il s'agissait de la générale, alors les consignes étaient peut-être spécifiques, mais on a demandé aux spectateurs de ne pas applaudir, de ne pas sortir en cours de représentation mais de prendre autant de photos et videos qu'ils voulaient. Tout ceci n'est pas anecdotique... Une vingtaine de femmes, avec une petite fille, entrent sur la scène. La mise en scène est minimaliste : elles sont toutes vêtues comme n'importe quelle femme du monde, en jogging, legging, robe ou jean, elles forment des groupes mouvants mais géométriques, elles chantent le plus souvent, mais aussi déclament ou s'expriment de façon personnelle. Toutes viennent d'Ukraine, de Pologne ou de Biélorussie et ont eu, d'une manière ou d'une autre, à faire avec la guerre. Les chants sont plus ou moins traditionnels ou contemporains, ils parlent de manière métaphorique de l'innocence, de la vie, et aussi de la mort, de la destruction. Les témoignages personnels rendent presque banals ces destins fracassés, et c'est ce qui frappe : on a l'impression de vivre la guerre de l'intérieur, quel tour de force ! Et que dire de ces appels désespérés à l'Europe, marâtre lâche, mais indispensable, qui est apostrophée pour son manque de courage et sa frilosité ? C'est puissant, émouvant au plus haut point, et le fait de ne pas applaudir rend la représentation encore plus impressionnante. On en sort assommé. Wouaouh !