Voyage à Napoli (Théâtre des Brunes-OFF)
On ne badine pas avec l’amour, et même quand on nage dedans depuis treize ans, quand tout semble au beau fixe, la moindre prise de risque peut avoir des conséquences insoupçonnées. Sortir à petit pas de la routine mène parfois à des sorties de route catastrophiques dont on ne peut sortir indemne. Lulu et Adil, couple sans histoire, sans assez d’histoire peut-être, vont en faire l’expérience. La vaine quête de la première étincelle, l'illusion du feu de la passion sans cesse rallumé, le désir d'un voyage à Naples rêvé, tout cela n'est-il pas une manière de fuir un manque plus essentiel, plus profond ? Cette pièce sensible, après un début au faux rythme un peu déroutant, nous mène en un crescendo implacable vers un dénouement qui confine au tragique. Comment appeler autrement, en effet, cette incroyable capacité qu’ont les êtres à mettre savamment en place tous les éléments qui vont constituer leur malheur, comment appeler autrement la catastrophe qui nous attend quand on a voulu la fuir ? Une pièce efficace, finalement, portée par deux acteurs qui savent faire évoluer le registre de leur jeu de manière convaincante jusqu’à une fin tendue, mais inattendue.